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 Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)

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JeNNi
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MessageSujet: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyDim 1 Juin 2008 - 20:13

merci à maud qui nous fait passer l'exposé de son groupe sur 3 œuvres de Duras...

(vu la longueur j'ai mis une partie par post ^^)


Dernière édition par JeNNi le Dim 1 Juin 2008 - 20:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyDim 1 Juin 2008 - 20:14

Marguerite Duras
L’homme assis dans le couloir, L’homme atlantique, La maladie de la mort

Si nous présentons ici ces trois œuvres réunies, c’est qu’elles sont étroitement liées et proches. En effet, on reconnaît bien là l’écriture de Marguerite Duras : simple, violente, repoussante, saisissante.

I- Présentation Générale

Contexte
L’homme assis dans le couloir, l’homme atlantique et la maladie de la mort sont trois œuvres qui ont été publiées successivement de 1980 à 1982.
On peut situer ces œuvres dans le temps en les encadrant par d’autres œuvres comme India Song en 1973 et l’Amant en 1984. Des années 1970 à 1980, Duras réalisera essentiellement des films, puis se remettra à l’écriture début des années 1980 avec l’Homme assis dans le couloir.
Les années 1980 sont pour Duras les années de l’accomplissement et de la reconnaissance. La maladie de la mort est écrite en 1982 en l’espace de 2 mois, pendant sa relation avec Yann Lemée, renommé Andréa. Pendant cette période elle séjourne à l’hôpital et à sa sortie elle reprend l’écriture comme si de rien n’était même si par moment, la lucidité fait place à l’égarement : « J’étais jamais soûle, j’étais partie ».
La maladie de la mort relève d’un travail sur la maigreur du livre, « réduire jusqu’à ne plus pouvoir effacer » (entretien Libération 1983, 4 janvier).

Dans les années 80, Marguerite Duras est dans une période où elle a du mal à se séparer de l’alcool (6 à 8 litres pas jour) et ce jusqu’à sa cure de désintoxication. Elle tente expérience sur expérience, au cinéma comme à l’écriture. Elle nous fournit ainsi des livres minces, très minces mais riches, très riches. L’homme assis dans le couloir et L’homme atlantique ne font pas plus de 30 pages chacun. Seule La maladie de la mort dépasse la cinquantaine de pages. En 1980, elle est hospitalisée cinq semaines et c’est Yann Andréa, qui écrira La maladie de la mort, sous sa dictée ; la main de Duras tremblant.

L’homme assis dans le couloir (1980) (HAC)
La narratrice, celle qui nous parle et dont on ne saura rien, décrit et/ou imagine les corps de ELLE et LUI faisant l’amour. En 19 plans, elle évoque ces thèmes vertigineux que sont le sexe, la possession de l’autre, la soumission à l’autre, le pouvoir des corps.

Dans la presse :
- Gérard Lefort (Libération, 22 mai 1980)
Corps à corps de Duras
« Un homme, une femme. Un homme assis dans l’ombre d’un couloir, une femme allongée dans un jardin à quelques mètres de lui On sait quelles niaiseries moralisatrices peut engendrer cette simplicité édénique. Marguerite Duras les esquive toutes à une altitude de sobriété et de rareté où l’oxygène manque pour en dire plus. Comme une émotion suffocante pour ce dernier épisode de ses aventures esthétiques (...) Pour dire cette simplicité fondamentale, Duras a renoncé aux coquetteries stylistiques qui firent précédemment sa renommée (...) L’écriture y gagne en intensité, tout entière dans ses répétitions, ses hésitations, ses troubles, ses silences, à la hauteur du sujet. L’occasion, encore une fois “ d’être saisi d’un doute d’ordre général ”. Et s’il est vrai qu’au cinéma, Marguerite Duras désire toujours tourner le désastre du film, alors il faut dire qu’en littérature elle ne cesse pas d’écrire le désastre du livre. »

- Bertrand Poirot-Delpech (Le Monde, 30 mai 1980)
« (…) Il y a toujours plus intéressant dans un livre : c’est ce que suggère en substance Duras. Quoi ? Ce que chacun y voit, à partir de ce que l’auteur y a mis. Des lointains violets, par exemple ; des rizières conduisant à la mer ; plus près, de la lumière si vive qu’elle fait cligner les yeux ; une durée qui s’étire et se resserre. De l’immensité aussi, la lente vitesse de la Terre qui tourne. C’est cela même : comme dans le plan d’India Song où le soleil n’en finit pas de tomber, comme quand on suit la course oblique d’un rai de lumière à travers un volet ou sur un angle d’armoire, on croit percevoir la lente vitesse de la Terre. »

L’homme atlantique (1982) (HA)
ELLE s’adresse à LUI. Hier soir après son départ « définitif », elle a commencé à écrire puis elle s’est dit pourquoi pas faire un film. Elle lui dit qu’elle ne l’aime plus comme le premier jour, qu’elle ne l’aime plus ; tandis qu’affleure la douleur de sa perte.

En génér est acte. Rien n’arrive en dehors de la parole. A la fin de La maladie de la mort, la voix dit en parlant de l’histoire du couple qu’elle n’est plus certaine : « Ensuite, vous la racontez en riant comme s’il était impossible qu’elle ait eu lieu ou comme s’il était possible que vous l’ayez inventée. ». Peut-être ne se passe-t-il rien d’autre qu’un homme imaginant une voix pour lui tenir compagnie, qui lui parle pour ne pas rester seul, pour passer de l’angoisse au langage. La focalisation On peut constater dans La maladie de la mort un changement de point de vue, au fil du récit. Le texte part apparemment d’une focalisation externe, puis le récit devient celui d’un narrateur omniscient. Il voit mais ne peut rien faire. Externe : « …vous sortez sur la terrasse dans le froid naissant. » (MM : p.16) « Elle [la mer] est très près des murs de la chambre. » (MM : p.42) « On ne peut pas dire si ses yeux sont entrouverts ou fermés » (HAC) Omniscient : « Elle, elle ne sais pas le savoir. » (p.20) « Elle est dans un bonheur d’être pleine d’un homme… » (p.44) « Elle n’écoute pas… » (p.50) « Je crois que les yeux fermés devraient être verts » (HAC : p.13) L’écriture théâtrale et cinématographique Marguerite Duras est sans doute, avec Nathalie Sarraute qu’elle admirait, la première qui a fait entendre au théâtre une voix féminine et donc inattendue. Une voix violente, radicale, pu que faire un film, avec les images de l’être aimé, les images de sa présence et de son absence à la fois. Il y a dans L’Homme atlantique le cri, I’appel à l’Autre au moment de la mort et de la mort de l’amour ; I’Autre étant regardé par la caméra, il y a aussi une réflexion sur le cinéma, le pouvoir du cinéaste, I’être de l’acteur ; enfin une voix sur la mort du cinéma et le refus de la représentation. État bouleversant d’une recherche extrême. »

La maladie de la mort (1982) (MM)
Duras : « La maladie de la mort correspondrait à ce qui resterait en vous une fois que vous auriez lu un livre de ce titre là […]. La trace que ce livre déposerait en vous seul et à jamais serait ce livre-là ».
La maladie de la mort, c’est de ne pas savoir ce qu’est l’amour. De s’en défendre, de l’éviter, de refuser le saut dans l’inconnu, sa vrai nature. C’est le « deuil absolu de la femme » et le désir secret de la tuer. Comme tous les homosexuels. Des tueurs de femmes . La maladie de la mort, c’est d’avoir perdu son amour avant même d’avoir aimé : « Ainsi cependant vous avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu’il soit advenu » (p.57).
La MM avait pour titre de départ « Une odeur d’héliotrope et de cédrat ». La MM est une suite de L’homme assis dans le couloir. Ce texte lui a longtemps paru « Top Secret », trop intime pour pouvoir être livré à tous. Elle y renoue avec ses amours d’adolescence et le seul genre qui l’éblouisse vraiment : la poésie. La MM est un poème incantatoire sur l’absence de désir mais aussi l’odyssée d’un grand amour entre un homme et une femme. Elle trouve une suite, quatre ans plus tard, dans l’écriture des Yeux bleus cheveux noirs, qui en est la réécriture. Ce sont deux récits enchâssés. Ce texte raconte l’armistice du désir : comment une femme peut-elle accepter l’homosexualité de l’homme qu’elle désire ?

Dans la presse :
- Bertrand Poirot-Delpech (Le Monde, 22 avril 1983)
« Maurice Blanchot fait mieux qu’offrir, sur le dernier livre de Marguerite Duras – La Maladie de la mort, – le commentaire le plus érudit et le plus subtil qui se puisse rencontrer. Il donne envie de faire subir le même traitement à tous les textes qui nous tombent sous les yeux. Il témoigne pour l’infinie ressource de la lecture.
Lisez ou relisez La Maladie de la mort, avant et après avoir lu ce qu’en dit Blanchot. En vous monte une houle de questions puissantes, qui ne demandaient qu’à être libérées par ce premier lecteur étincelant. Parbleu, mais c’est bien vrai ! il ne s’agit pas seulement d’une prostituée renvoyant à sa mort un amant incapable d’aimer. C’est la question du commerce des êtres dans les sociétés marchandes qui est soulevée : c’est l’impuissance de celui qui paie. Le sommeil où s’enveloppe la femme, comparez-le au sommeil d’Albertine épié par Proust, et c’est encore une autre volée de sens qui s’échappe des lignes. Donnez au mot “ amour ” tel que le personnage de Duras paraît l’ignorer les significations dont l’histoire et la philosophie l’ont chargé depuis Phèdre de Platon, et voilà le problème de son origine qui se lève à l’horizon des répliques apparemment banales. Quel est le rapport de l’amour avec la loi morale, qu’il déjoue et qu’il appelle à la fois ? Cela veut dire quoi, un amour accompli, sinon sa perte, la perte de ce qu’on n’a jamais eu ? Désirer, n’est-ce pas, comme disait Lacan, donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ?
Jamais je n’ai éprouvé, comme en suivant Blanchot et ses consignes d’insécurité, ce que la lecture a de prodigieusement riche, comparée aux autres activités culturelles ; de proprement inépuisable. »
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JeNNi
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MessageSujet: Re: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyDim 1 Juin 2008 - 20:14

II- Analyse de thèmes

L’érotisme ; la relation homme / femme
Dans son livre Cet Amour-là, publié en 1999, Yann Andréa nous parle de sa relation avec Marguerite Duras. Il dit notamment, après avoir reçu le manuscrit de L’homme assis dans le couloir : « Et puis en 1980 elle m’envoie L’homme assis dans le couloir. C’est la première fois que ça arrive : j’aime moins, c’est-à-dire je ne comprends pas, je me demande ce que c’est que cette histoire de sexe, l’irruption du physique. Je suis choqué, arriéré, pauvre innocent, je ne veux pas comprendre. ».
Marguerite Donnadieu nous présente dans ces trois textes des anonymes dont on ne saura jamais le nom, mais qui nous sont pourtant très intimes. L’érotisme des pages déchire le voile des non-dits. C’est cette distance, instaurée par Duras, qui renforce l’érotisme et la violence des mots. Cette distance, presque la marque même d’une indifférence, est propre au Nouveau Roman, comme par exemple l’emploi d’articles définis, au lieu des possessifs que l’on pourrait attendre : « La tête est toujours détournée du corps » (HAC : p. 12)
« Le visage est laissé au sommeil, il est muet, il dort comme les mains » ‘MM : p.26)
Elle nous décrit à chaque fois avec son style une rencontre amoureuse et sexuelle entre un homme et une femme.

Tout ce que Duras écrit est déterminé par Yann Andréa et ce avant même sa rencontre avec lui à travers des lettres, Duras fait entrer le personnage de Yann Andréa dans ses livres. Nous trouvons dans les trois œuvres des parallèles entre sa vie et celle de cet homme et cette femme qu’elle décrit.

o la maladie de la mort (MM)

Le livre est basé sur la relation que Duras a avec Yann Andréa. Duras sait que Yann est homosexuel. L’étrangeté de la rencontre : Yann lui plait et avec cette relation Duras franchit les marges. En parallèle, l’histoire de la MM est similaire la rencontre d’une femme avec un homme homosexuel qui ne connaît rien au femme
La MM est la métaphore de la jouissance impossible à atteindre avec une femme. L’écriture va relayer tous les désirs, tous les fantasmes. C’est une force abominable, noire et sauvage. La MM, c’est de ne pas savoir ce qu’est l’amour. Dans la MM, l’homme ignore le secret des femmes. Il en résulte une douleur de ne pas pouvoir aimer totalement, être épris sans le vouloir dans l’innocence. La MM est la symbolique de l’amour. La voix narratrice qui observe décrit la scène où se nouent le désir et la mort. Dans ce livre, Duras confronte, l’homme et la femme dans leur différence sexuelle. Nous ne savons pas ce que l’homme veut, seulement connaître l’amour d’une femme. De même que nous ne savons pas ce que recherche la femme dans cette relation. Le rôle de l’argent dans cette relation est important, il induit qu’il n’y a pas d’obligation (d’un point de vue sentimental) entre cet homme et cette femme. Le désir de l’homme semble voué à l’échec et à la mort. De même que la notion de différence est liée à celle de désir. La différence sexuelle est sans cesse soulignée, répétée dans le texte.
Yeux bleus cheveux noirs, sa suite, met en scène, en tentant de l’exorciser un moment de la relation entre Yann et Marguerite. Peut-on s’aimer sans jouir de l’amour ? Duras veut ruiner le mot « homosexuel », il n’apparaît jamais dans le texte. Ce dernier est un véritable hymne au plaisir, dans lequel la femme sort victorieuse. Dans ce texte, elle a la sensation d’avoir capturé Yann Andréa. Ce livre est très bien accueilli.

o L’homme atlantique (HA)

Duras qualifie « d’intangible » certains de ses livres car elle est consciente de l’existence d’un lectorat grand public. C’est le cas de L’homme atlantique. Marguerite n’écrit L’homme atlantique que pour retenir Yann. Dans cette longue lettre d’amour et de désespoir, elle prend à témoin le monde de la douleur de cet amour tout en ne voulant pas le briser.

o L’homme assis dans le couloir (HAC)

C’est la rencontre amoureuse et sexuelle entre un homme et une femme. Il existe en plus de cet homme et cette femme, « une troisième personne », la voix narratrice. Nous trouvons donc dans le récit : une personne qui voit et qui raconte, une autre qui a vu et qui raconte et une troisième qui ne fait pas partie de l’action, qui observe la relation. Dans l’HAC l’érotisme est insolent, violent, et nous trouvons un vocabulaire plutôt cru.
L’homme assis dans le couloir a été écrit pendant l’été 1958, et remanié avant de paraître en 1980. La première version a été publiée par la revue l’Arc en octobre 1962. Nous pouvons mettre en parallèle le début de cette écriture érotique et violente avec le décès de sa mère, Marie Donnadieu, en octobre 1956. En effet, si l’Amant est une réécriture d’Un barrage contre le Pacifique dans laquelle elle ose avouer toute la vérité, nous pouvons discerner ici une écriture libérée. Sa mère étant décédée, elle n’a plus peur de ce qu’elle pourrait dire ou penser. C’est pourquoi un peu plus d’un an plus tard, elle commence la première rédaction de cette œuvre.

La mer
La mer est un élément présent dans ces œuvres, ne serait-ce que dans le titre, c’est plus particulièrement l’océan, « l’atlantique » qui est présent. Duras a dit de la mer : « la mer me fait très peur… ». Pourtant c’est un thème qui est plutôt récurrent dans toute son œuvre. Alors qu’elle hiberne chez elle, pendant l’été 1982, elle sort de temps en temps pour voir la mer car elle lui fait du bien.
« Elle demande aussi : Qu’est-ce qu’on entend ? Vous dites : La mer ». (MM : p.13)
« Vous retournez sur la terrasse face à la mer noire » (MM : p.27)
« Vous écoutez le bruit de la mer qui commence à monter ». (MM : p.30)
« …la mer est encore noire sous le ciel décoloré de lumière ». (MM : p. 31)
« La mer noire est forte…l’idée vous vient que la mer noire bouge… » (MM : p.32)
« …toujours la mer noire… » (MM : p.42) « Elle vous demande la couleur de la mer » (p.46)
« Au loin sur les plages…la marée basse…sur les plages » (MM : p.54 / 55)
« …une immensité toujours brumeuse qui pourrait être celle de la mer » (HAC : p.Cool
« …la direction de la pluie devrait être celle de la mer. La mer est ce que je ne vois pas » (HAC : p.22) « Vous penserez à vous, mais comme à ce mur, à cette mer… » (HA : p.10)
« Je dis, eh bien, je dis la mer, oui, ce mot, devant vous, ces murs devant la mer... » (HA : p.9)
« …si seule devant l’objet atlantique…avec le sable, ou le vent, ou la mer… » (HA : p.12)
- 4 fois le mot « mer » sur la seule page 14 (HA)

La nature
La nature est très présente dans l’œuvre de Duras, elle sert de cadre au récit. Catherine Sellers écrit au sujet de l’homme assis dans le couloir, « dans cette œuvre toute la nature participe ». :
« Il y a un jardin… sur une plaine, de larges vallonnements sans arbres… » (HAC : p.7 / 10)
« …l’embouchure du fleuve…sur les champs » (HAC : p.11)
« …les moussons d’été devant des fleuves bordés de rizières sombres… » (HAC : p. 36)
« …les arbres, les roses…Autour du parc des tourterelles… » (HA : p.20)
Le noir
Le noir est une couleur que nous trouvons régulièrement dans l’œuvre de Duras. Elle utilise le terme suivant pour désigner le sexe de la femme : « la chambre noire » dans la MM. L’écran noir du film l’homme atlantique, signifie que le texte pour Duras devient irreprésentable. De plus, sur les 50 minutes de film, 30 sont une image noire. Nous pouvons donc comprendre l’importance de ce que le noir représente pour Duras. C’est la première fois qu’elle filme du noir, couleur qu’elle juge plus profonde que toute autre. Noir, absence de lueur, épouvante. « Les cours d’eau, les lacs, les océans ont la puissance des images noires. Comme elles, ils vont ». Le noir est chez Duras dans tous ses films, terré sous l’image. Le noir du film rejoint chez elle le noir de l’écriture qu’elle appelle l’ombre interne, ce qui fait le vivant.
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MessageSujet: Re: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyDim 1 Juin 2008 - 20:15

III- Analyse de l’écriture

Le style durassien
Les périphrases sont inhérentes à son style et nous les retrouvons dans ces trois œuvres : « celle qui est dans le lit » / « l’étrangère de la chambre » (MM : p.16/42) .Le nom propre semble l’objet d’un tabou, accessible seulement dans l’expérience rarissime de la rencontre amoureuse : « Une autre fois vous lui dites de prononcer un mot, un seul, celui qui dit votre nom, vous lui dites ce mot, ce nom » (MM : p.26). Aucune de ces trois œuvres ne comportent un seul nom. Elle réinvente constamment des expressions pour désigner les choses les plus courantes : « Elle dit le chiffre du paiement » (MM : p.11) au lieu du prix.

Duras va même jusqu’à inclure consciemment des erreurs, des incises, ou des moments où le langage fait défaut par exemple :
- « jusques aussi sur les paupières fermées » (MM : p.29) au lieu de jusqu’à.
- « Elle est là, dormante, dans ses propres ténèbres abandonnée, dans sa magnificence » (MM : p.32)
- « Vous trouvez le battement différent, plus lointain, le mot vous vient : plus étranger ». (MM p.37)
- « Vous demandez : Quelle maladie ? Elle dit qu’elle ne sait pas encore le dire » (MM : p.18)
- « Vous le voyez ensuite retomber, inerte, sur la blancheur du lit » [=sur le lit blanc] (MM : p.40)

L’hyperbole est chez Duras, la figure de l’infigurable. Elle est parfois presque évitée et l’énumération tente de s’y substituer : « Mais vous, de là où vous serez, où que ce soit, que vous ayez partie liée avec le sable, ou le vent, ou la mer, ou le mur, ou l’oiseau, ou le chien… » (HA : p.12/13)
L’adjectif constitue souvent l’hyperbole à lui seul, jouant, dans sa violence ou son excès, un rôle se superlatif absolu :
- « …il est dans un éclairement solaire d’une blancheur effrayante ». (HAC : p.13)
- « On dirait qu’elle se repose d’une fatigue immémoriale ». (MM : p.24)
Les oxymores complètent et nourrissent ses phrases : « Vous regardez cette forme, vous en découvrez en même temps la puissance infernale, l’abominable fragilité, la faiblesse, la force invincible de la faiblesse sans égale ». (MM : p.31)

Mais la plume de Duras se reconnaît aussi facilement à travers ses longues phrases, incompréhensibles de sens mais dont les mots s’entrechoquent si bien :
- « …dans le déferlement milliardaire des hommes autour de vous, vous êtes le seul à tenir lieu de vous-même auprès de moi… » (HA : p.10)
- « Quand vous avez pleuré, c’était sur vous et non sur l’admirable impossibilité de la rejoindre à travers la différence qui vous sépare » (MM : p.56)

Le vide est souvent rempli par des événements d’ordre psychologique : « Le malheur s’étend dans la chambre en même temps que s’étend son sommeil » (MM : p.17)

On peut relever tout au long de ces œuvres d’autres figures de style :
- Hypallage : « …elle est séparée de l’ombre intérieure de la maison par l’aveuglement de la lumière d’été ».(HAC : p.Cool
- Polyptote : « Vous lui demandez comment elle sait. Elle dit qu’on le sait sans savoir comment on le sait » (MM : p.24)

L’action n’est jamais écrite. La parole est acte. Rien n’arrive en dehors de la parole. A la fin de La maladie de la mort, la voix dit en parlant de l’histoire du couple qu’elle n’est plus certaine : « Ensuite, vous la racontez en riant comme s’il était impossible qu’elle ait eu lieu ou comme s’il était possible que vous l’ayez inventée. ». Peut-être ne se passe-t-il rien d’autre qu’un homme imaginant une voix pour lui tenir compagnie, qui lui parle pour ne pas rester seul, pour passer de l’angoisse au langage.

La focalisation
On peut constater dans La maladie de la mort un changement de point de vue, au fil du récit. Le texte part apparemment d’une focalisation externe, puis le récit devient celui d’un narrateur omniscient. Il voit mais ne peut rien faire.
Externe : « …vous sortez sur la terrasse dans le froid naissant. » (MM : p.16)
« Elle [la mer] est très près des murs de la chambre. » (MM : p.42)
« On ne peut pas dire si ses yeux sont entrouverts ou fermés » (HAC)
Omniscient : « Elle, elle ne sais pas le savoir. » (p.20)
« Elle est dans un bonheur d’être pleine d’un homme… » (p.44)
« Elle n’écoute pas… » (p.50)
« Je crois que les yeux fermés devraient être verts » (HAC : p.13)

L’écriture théâtrale et cinématographique
Marguerite Duras est sans doute, avec Nathalie Sarraute qu’elle admirait, la première qui a fait entendre au théâtre une voix féminine et donc inattendue. Une voix violente, radicale, crue, ambiguë qui n’appartient qu’à elle et qui n’a rien perdu de son actualité. Le cinéma est un moyen d’aller toujours plus loin. Duras cherche à « ouvrir la voie ». Elle veut faire la preuve que l’image n’est rien. Elle veut rendre au cinéma la disponibilité de la parole. L’écriture dans les années 1980, Duras se déclare « géniale, sans rival ».

Adaptations :
Les trois livres ont été adaptés au théâtre. Duras a la volonté de « faire sortir le texte du livre ».
- L’homme atlantique a d’abord été un film, avant d’être un livre. En effet, le film est tourné en juillet 1981, avec Yann Andréa comme personnage principal, puis il est présenté au festival du cinéma parallèle de Montréal. Ce n’est qu’en 1982 qu’est publié le livre. Yann Andréa dira dans son livre : « Les plans [d’Agatha] seront utilisés pour le film qui s’appelle L’homme atlantique. C’est un film de cinquante minutes, entièrement noir. On entend sa voix, seulement sa voix, sa voix de Duras dans le noir de l’image noir et parfois mon visage apparaît, elle me parle… » Duras louera même un emplacement publicitaire dans Le Monde pour dissuader les spectateurs d’aller le voir « parce que ce film a été fait dans l’ignorance totale de leur existence ». Elle leur conseille donc de le fuir : « Ne prenez pas le risque de sortir : n’entrez pas ». Mais que les autres, ceux qui la suivent aveuglément, ne le manquent sous aucun prétexte. Les spectateurs, prévenus, resteront assis, les yeux rivés sur l’écran vide, à écouter sa voix : « Voyez, même dans l’absence d’images, il y en a toujours une ».
- En 1985, Peter Handke présente au festival de Cannes « Das Mal des Todes », adapté de La maladie de la mort. Il est été mal accueilli par la critique qui le juge maladroit, appliqué, scolaire et inabouti.
- En 2003, une autre adaptation cinématographique de La maladie de la mort est réalisée.
- Les adaptations théâtrales sont nombreuses et constantes. Nous pouvons tout de même remarquer la prestation de Fanny Ardent en 2006.
- Les trois livres ont été publiés en Chine en 1999 aux Editions des écrivains de Pékin, « Œuvres choisies de Duras » en trois volumes. Le film L’homme Atlantique a été présenté en février 1999 à l’Institut franco-japonais de Tokyo.

La maladie de la mort : « Aucune jamais ne criera de vous désormais » (p.15). L’emploi du futur indicatif montre que la voix sait des choses que le personnage ignore. Donc le personnage masculin du récit n’est pas le narrateur. Celui-ci, sa voix, se présente comme une voix qui commande, donne des instructions, ordonne comme un metteur en scène à son comédien. Aussi : « Vous mettez la main sur sa bouche… » (p.15)
« Vous regardez les endroits du corps, vous regardez le visage… » (p.36)

Où commence et où finit le théâtre de Duras ? Tout un continent de ses textes est objet de théâtre ; d’autres romans seront également adaptés. Mais aussi des récits, ceux qu’elle a fait lire en 1984 au théâtre du Rond-Point, tout en « mettant en scène » la lecture : L’Homme assis dans le couloir, L’homme atlantique…La maladie de la mort a été écrite pour le théâtre, puis Duras a préféré le publier et ne pas lui donner la concrétisation théâtrale, tant celle-ci est difficile : une femme est couchée dans un lit, nue, tandis qu’un homme marche en disant l’histoire, celle d’un homme qui a acheté une femme et contracté dans cet amour vénal, fascinant et merveilleux, « la maladie de la mort. ». Duras avait accepté de mettre en scène son texte à la Schaubühne de Berlin, en 1985. « La mise en scène ne m’intéresse pas, dit-elle, elle m’est égale. Ce qui m’intéresse est la parole au théâtre. Je ferai un théâtre de voix avec des arrêts et des reprises ». Elle veut finalement y renoncer mais se force ; ce qu’elle écrit la dégoûte. « J’étais creusée en mon centre, j’étais devenue le contraire d’un écrivain. Ce n’était pas le livre. C’était une trahison du livre, je ne pouvais plus compter sur moi, j’étais perdue ». Il lui faut un an pour renoncer définitivement à ce projet qu’elle transformera, une nuit de l’été 1986, en un texte intitulé La pute de la côte normande.

Duras a profité de ces expériences pour faire une réécriture de ses œuvres, de ses propres mots comme si rien n’était jamais assez bien. L’œuvre théâtrale de Marguerite Duras est une tapisserie de Pénélope. Toujours recommencée, car, souvent, des années après l’écriture de la première version, elle revient sur son texte, lui donne une autre forme. Mais le tissage de Pénélope n’était jamais terminé, alors que les versions de Duras, même reniées par elle, sont des œuvres achevées, correspondant à un moment de création. Le fait qu’elle écrive une large part de son texte au cours des répétitions, le modifie dans le contact avec les acteurs est un autre aspect de son activité « pénélopienne ». Selon Yann Andréa : « Et quand elle lit au cinéma, L’Homme atlantique, elle est l’auteur des mots et l’auteur de sa propre voix. Une coïncidence adorable et bouleversante, comme si elle comprenait davantage les mots écrits par elle. Cette réinvention du mot, oui, comme si le mot simple était inépuisable, comme s’il pouvait être dit et redit sans fin, jusqu’à la pure sonorité d’un sens disparu ».

A l’écran, elle appauvrit volontairement l’image au profit du mot. A la scène, elle fait passer l’image et le mouvement au deuxième plan et restitue au langage un éclat tout intérieur. Les films de Marguerite Duras frappent d’abord par leur aspect statique et cette immobilité apparaît comme un des traits dominants du style durassien, le plus paradoxal, peut-être, puisqu’il va à l’encontre de la spécificité même du cinéma, de sa définition : utiliser des images mouvantes. Dans L’Homme atlantique, la discontinuité se fait très provocante. Non seulement la coupure est soulignée, mais l’intervalle entre les images se voit marqué par ce qui était, dans le cinéma débutant, un « passage au noir » et qui devient, chez Marguerite Duras, une véritable « image noire ». L’image noire gagne peu à peu jusqu’à envahir l’écran pendant toute la dernière partie du film. Le film L’homme atlantique n’est plus que le texte qui s’écrit. La caméra a été happée par l’écriture, elle ne voit plus rien, elle est devenue, à l’égal du personnage, sujet du récit, montrée par le texte :
« Vous allez repasser de nouveau devant la caméra. Cette fois vous allez la regarder. Regardez la caméra. La caméra va maintenant capter votre réapparition dans la glace parallèle à celle dans laquelle elle se voit ». (HA : p.22/23)
« je sais qu’aucune image, plus une seule image ne pourrait le prolonger. » (HA : p.28)
Le film est maintenant au texte ce que le texte était au cinéma : ce qui ne saurait être vu, ce qui ne peut qu’être lu.

Conclusion :

Pour finir, nous allons vous lire un passage de Yann Andréa, qui nous fait rentrer un peu plus dans le monde de Marguerite, qui nous plonge au cœur de ce qu’elle était : « Je ne dis rien, j’écoute la voix dire ses propres mots. La maladie de la mort est en train de s’écrire. C’est très difficile à faire, elle est dans une concentration intégrale, elle cherche le mot, elle le trouve, elle détruit la phrase, elle cherche autre chose, d’autres mots, une ponctuation, pour une page faite je tape une dizaine de pages. Parfois la voix n’est pas très claire et j’ai peur de na pas bien entendre le mot. Je n’ose pas la faire répéter. Je me débrouille. Je tape. Et elle trouve le mot. Et le livre se fait. Ca avance. Elle dit : je crois que je vais y arriver. Je ne suis pas encore sûre, mais ça va être un livre. Une chose jamais encore faite. »
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pandora

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Lecture en cours : chut top secret, sélection Fnac rentrée littéraire 2008
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MessageSujet: Re: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyMar 24 Juin 2008 - 17:37

mais de rien , c'était normal!
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JeNNi
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Humeur : bah.... ça dépend des jours... :D
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MessageSujet: Re: Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!)   Exposé de littérature (merci à MAUD!!!!) EmptyMer 25 Juin 2008 - 11:01

ben tu restes la seule à l'avoir fait Smile alors merfi Very Happy
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